Chronique 299
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- Bordeaux Primeurs 2020
- Les prochains rendez-vous confirmés - Géographie et imaginaire du vin à Saint-Emilion - Château de Pressac de 2019 à 2005 Chronique 299 (16 juin 2021) Bordeaux Primeurs 2020
89 vins supplémentaires sont disponibles dans la bibliothèque de commentaires. N'hésitez pas à y aller. Parmi eux, vous trouverez le Plus de la Fleur de Bouärd, La Fleur de Bouärd, Clos de Bouärd et Malescot Saint Exupéry dont la publication dans le Carnet 97 a échappé au nouveau logiciel. On se déconfine ! Les prochains rendez-vous confirmés - 2 et 3 septembre 2021, les Rencontres Jean-Marc Quarin de Lausanne au Beau-rivage Palace. Les nouveautés, les surprises, le détail du menu, la verticale d'Angélus et les inscriptions, tout sera opérationnel début juillet sur le site : https://lesrencontresquarin.com/. - La session « La Bouche avant le Nez » aura lieu les 18, 19 et 20 octobre 2021 à Bordeaux. Le programme est en cours de finalisation. Les pré-réservations sont ouvertes via email. Pour l'instant vous voyez sur le site le programme de l'an dernier. Tarif identique. Géographie et imaginaire du vin à Saint-Emilion Imaginons que Saint-Estèphe soit à la place de Margaux, c'est-à-dire proche de Bordeaux, des facilités de déplacement, du commerce, ne pensez-vous pas que l'appellation compterait plus de crus classés (5 pour Saint-Estèphe, 21 à Margaux) ? Imaginons maintenant que Libourne soit à la place de Castillon la Bataille et que pour rentrer sur l'appellation Saint-Emilion vous cheminiez sur les crêtes (c'est plus joli). Ne croyez-vous pas que le voyageur donnerait un peu plus de préférence aux crus qu'il verrait en premier, plutôt que ceux situés à l'ouest ? Eh oui, loin des yeux, loin du coeur ! En 2020, il se passe bien des choses nouvelles à l'est de l'appellation Saint-Emilion que le voyageur ne voit pas spontanément. De nombreux crus grandissent en qualité. Leur nouvelle architecture en témoigne (Fleur Cardinale, Valandraud, Rol Valentin). Toujours sur ce plateau parallèle à la vallée se trouve le château de Pressac. Bientôt vous entendrez parler de la progression de Poésia et de Ferrand. Si vous vous laissez aller à descendre au sud vers la plaine, vous découvrirez les vastes bâtiments de Lassègue. En à peine 4 km à vol d'oiseau, de collines en points de vue sur la vallée de la Dordogne, la beauté du paysage émeut. A n'en pas douter cette partie de l'appellation connaît une nouvelle valorisation méconnue depuis au moins le gel de 1956. Aujourd'hui, j'attire votre attention sur le renouveau qualitatif du château de Pressac. Château de Pressac de 2019 à 2005 « Pas de mystère, pour rehausser la qualité, il faut du temps. » Jean-François Quenin, propriétaire. Au début des années 2000, lorsque je goûtais Pressac, les vins ne possédaient pas l'envergure que l'imposant château pétri d'histoire laissait imaginer. Que leur manquait-il ? Plutôt longiformes, la largeur et la hauteur en bouche manquaient. Plutôt légers, le milieu de bouche manquait. Plutôt simples, la finale manquait. Trouver les clés pour combler ces absences change le statut d'un cru et peut le faire passer de bon à grand. Jamais mes notes n'ont été aussi élevées sur les derniers millésimes de Pressac. Jamais je n'ai entrevu comme aujourd'hui ce que ce cru peut encore nous réserver. Une seule raison à cela : en plus de vingt ans, le vignoble a été entièrement replanté. Ainsi, la moyenne d'âge qui s'exprime dans ce goût, ce style, se situe à peine entre 15 et 18 ans. C'est peu pour un tel rendu. M. et Mme Quenin achètent Pressac en 1997. A l'époque, le vignoble compte 25 hectares de vignes versus 41 aujourd'hui. Aux dires de tous, le coût de l'achat est élevé : 6 millions d'euros y compris un château d'origine médiévale de 600 m2. Jean-François Quenin aujourd'hui âgé de 72 ans, a fait HEC avant de devenir un spécialiste de la comptabilité. En 1980, il rentre chez Darty qu'il quittera en 2016 après avoir occupé le poste de directeur général de la région Rhône Alpes. Fort de sa rente, il décide de s'installer viticulteur en Gironde. Il débute à Lalande de Pomerol dont le nom sonne si bien aux oreilles des profanes. Très vite il comprend les écueils de ce choix. Il achète alors le château de Pressac, un Saint-Emilion grand cru, non classé situé aux confins de l'appellation. Vaillant, il retourne à l'école et devient l'élève le plus âgé du lycée viticole de Blanquefort. Qu'importe ! Sa personnalité optimiste, volontaire et très amicale le guide depuis toujours. A partir de là, installés dans cette demeure à la situation géographique exceptionnelle Dominique et Jean-François Quenin vont se saisir patiemment de tous les problèmes à résoudre pour comprendre, améliorer, investir et sans cesse mieux faire. Un long chemin de quinze années avant de réussir à hisser Pressac dans le nouveau classement de 2012. Puis encore une bonne dizaine d'années de plus pour définir un style et initier ce que pourrait être le Pressac de demain. En effet, chaque étape qualitative acquise dévoile un horizon imperceptible auparavant. Pour qui le veut, ce cheminement ouvre les portes de l'excellence. Il peut être le travail d'une vie puisque les limites de la compréhension de la qualité des vignes et du vin, ses causes et ses résultats ne cessent de s'élargir au fil des millésimes, de l'expérience et des progrès. Voici en résumé les temps forts de ce parcours viticole et oenologique. Dès son arrivée, Jean-François Quenin comprend l'urgence de se pencher sur l'état du vignoble. De nombreux pieds manquent. Or, le salut de son investissement passe par la production suffisante de vin ! Très vite, il arrache, replante et opère une première réfection de son chai. Avec Denis Dubourdieu, il apprend à observer les vignes et la dégustation des raisins avant vendanges. Il requiert aussi l'aide de Claude Bourguignon, spécialiste de la microbiologie des sols. Ensemble, il s'évertue à comprendre la mosaïque des terroirs de Pressac pour y adapter les bons porte-greffes, les bons cépages, la meilleure orientation possible des rangs. En 2008-2009, le chai de vinification devient gravitaire. 2012 : suite à un départ à la retraite, Pressac change de consultant. Trois hommes importants intègrent l'équipe. Leurs profils diffèrent. "Yannick Reyrel défend la race dans l'expression du vin, Hubert de Bouärd le velouté, Alain Reynaud la puissance. Je prends les décisions". Toujours en 2012, un nouveau chai de vinification voit le jour. Les petites cuves de fermentation coïncident mieux avec le parcellaire. En 2013, le chai d'élevage devient ventilé. Son hygrométrie est contrôlée. 2014 : Pressac s'équipe d'un tri densimétrique pour la sélection des baies avant les vinifications. A partir de 2016, Yannick Reyrel met le doigt sur une pratique induisant des tannins trop fermes : le pigeage. Pourtant très vanté sur la rive droite, Pressac abandonne cette méthode en vogue. Les tannins deviennent plus fins. 2020-2021 : un nouveau chai d'élevage sort de terre. Il s'agit d'un chai de seconde année destiné à étendre la durée d'élevage de 12 à 18 mois. Souvenez-vous, en 2006 le château Pibran à Pauillac a procédé ainsi pour devenir tout autre : ce travail d'affinage de la structure, de la texture et des arômes devrait apporter une dimension nouvelle plus sophistiquée entre le milieu de bouche et la finale. Quel boulot ! Alors, vous sentez-vous tenté par l'achat d'une propriété à Bordeaux ? Peut-être vous demandez-vous quelle est la valeur de Pressac aujourd'hui ? Le propriétaire n'en dit mot. Cependant, il ne se passe pas une semaine sans qu'il reçoive une offre à trois chiffres. La propriété se situe à Saint-Etienne-de-Lisse. Superficie : 41 ha de vignes d'un seul tenant. Encépagement : 73.2 % de merlot, 14.6 % de cabernet franc, 8.2 % de cabernet sauvignon, 1.6 % de petit verdot, 1.4 % de carmenère, 1 % de malbec. Dans l'avenir le merlot et le cabernet sauvignon diminueront au profit du cabernet franc. Densité de plantation : elle était de 5 500 pieds/ha au départ. Aujourd'hui les 2/3 de la propriété sont à 6 600 pieds/ha. Les plantations récentes s'effectuent à 8 000 pieds/ha. Type de sol. Pressac compte trois terroirs différents : un tiers de plateau calcaire, un tiers de coteau argilo-calcaire exposé majoritairement au sud, un tiers de bas de côte comprenant des molasses du Fronsadais, soit un sol mêlant l'argilo-calcaire et du sable argileux. Production de premier vin : 60 %. Le reste se partage entre un second vin (Tour de Pressac), puis un troisième créé en 2019 (La Rose de Lisse). Il existe aussi un Bordeaux rosé vinifié en fûts de 500 litres en acacia. A propos de la dégustation Mes notes sont en hausse sur l'ensemble des vins dégustés (voir comparatif dans la bibliothèque de commentaires). C'est une bonne nouvelle dans la mesure où je ne regarde jamais mes notes précédentes avant d'entamer une nouvelle dégustation. Pressac élabore des vins dont les qualités se développent au vieillissement. Bien souvent, j'ai rallongé les dates optimales de consommation. La dégustation a eu lieu au château en janvier 2021, bouteilles non décantées. Bonne lecture. Jean-Marc Quarin Critique indépendant __________________________________________________________________________ ©Copyright Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin SAS, 10 allée de Ginouilhac, Le Taillan-Médoc. France. Contact : www.quarin.com Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser ces notations à condition de ne pas les déformer et en citant à la fois son auteur : Jean-Marc Quarin et l'origine de leur source : quarin.com |