Chronique 194 : Hermitage La Chapelle Domaine Jaboulet Ainé - Bordeaux 2015 (3ème partie)

Hermitage La Chapelle Domaine Paul Jaboulet Ainé L'histoire des Domaines Paul Jaboulet Ainé commence en 1834 avec l'installation d'Antoine Jaboulet à Tain L'Hermitage. Après avoir passé six générations dans la même famille, les Domaines Paul Jaboulet Ainé changent de main en janvier 2006. La famille Frey, d'origine champenoise, aussi détentrice du château La Lagune en Haut Médoc, devient propriétaire tout en conservant le nom d'origine. Au milieu des nombreuses propriétés du Domaine sur les appellations Crozes Hermitage, Côte-Rôtie, Cornas, Châteauneuf-du-Pape, Saint-Joseph, Condrieu, Côtes-du-rhône Village brille le joyau La Chapelle à l'Hermitage. Sur les 136 hectares que compte cette minuscule appellation, la famille Frey en possède 25 soit 21 en rouge et 4 en blanc. On doit à Caroline Frey, oenologue et propriétaire, en charge des Domaines des orientations récentes majeures : le passage en culture biologique à partir de 2008, un renouvellement profond du vignoble, la venue de Denis Dubourdieu comme consultant, la mise en oeuvre d'un nouveau chai gravitaire en 2010. Je me souviens de ma visite sur place au début des années 2000. J'étais abasourdi. Je ne voyais que peu de correspondance entre la réputation du lieu et ce que j'avais dans le verre. Je jugeais de nombreux vins pas très propres, à la tannicité rude et végétale. Les temps mauvais sont terminés. A l'époque, la Chapelle produisait 80 000 bouteilles versus 30 000 en moyenne aujourd'hui. Le second vin (Petite Chapelle) représente 40 000 bouteilles. Pour La Chapelle le coeur de la production se centre sur le terroir nommé le Méal dont les Domaines possèdent 7 hectares. Sous les galets roulés, le sol est ici plus calcaire que granitique tandis que l'exposition est Sud. Les vins de la Petite Chapelle sont issus de terroirs probablement différents. Ils divergent de leur aîné de par un caractère immédiatement plus séducteur. Le 2012 s'avale tout seul ! Il n'existe pas de La Chapelle 2008. Vu le millésime et l'excès d'eau tombé en septembre 2008, le meilleur est dans le second vin. A propos du style des vins Sur le plan aromatique (nez), il existe une permanence entre les millésimes. Les arômes de violette, de cerise noire, d'épices embaument y compris en bouche. Sur le plan du corps et de la texture, le style du cru peut changer d'un millésime à l'autre. Serré et élancé dès l'attaque comme en 2012 et 2010 avec une tendance à l'austérité positive (capable de se fondre sur le long terme), les vins peuvent se montrer plus ronds, amples et plus gourmands comme en 2006 et 2009. Sur les millésimes récents, le grain serré de La Chapelle induit une impression de réserve quand il circule au milieu de la bouche comme tendu. Paradoxalement et en même temps, le cru offre de la suavité et de l'éclat non pas à travers son corps, mais grâce à ses qualités aromatiques. Cette association entre la rigueur dans le corps d'un côté et l'hédonisme dans les arômes de l'autre, crée des sensations complexes que je retrouve dans les plus grands vins du monde, et ceci quels que soient le terroir, le cépage (ici c'est la Syrah) et le climat. ________________________________________ La Chapelle, Hermitage, 2013 17,5 // 95 Décanté. Vin coloré au nez subtil sentant bon des nuances de cèdre, de fruits et de fleurs. Bouche élancée, au toucher élégant, très fruitée et même parfumée entre le milieu et la finale. Et pourtant, il s'achève avec l'austérité positive des grands vins jeunes. 100 % syrah. 2022-2045. La Chapelle, Hermitage, 2012 18,5 // 97 Décanté juin 2015. Couleur sombre et intense. Nez intense, fin, fruité, suave, épicé. Bouche de suite subtile, noble, fondante, très aromatique, séveuse en finale et très sapide. Du grand vin fin. 2025-2045. La Chapelle, Hermitage, 2012 18 // 96 Décanté. Mars 2015. Couleur sombre, intense, belle. Nez discret, mais si suave ! Etrange sensation de profondeur. Note de cerise et violette. Serré à l'attaque, dense au milieu, puis ample, avec un goût profond, le vin évolue de plus en plus ascendant vers une grande et belle finale complexe. Beaucoup de noblesse et de race. Du grand vin fin. 100 % syrah. 2025-2050. La Chapelle, Hermitage, 2011 16,75 // 93 Décanté. Mars 2015. Belle couleur sombre. Nez intense, fin et puissant. Bouche tendre, très fruitée, suave au corps normal. Bonne finale parfumée. 100 % syrah. 2020-2035. La Lagune 2010, Haut-Médoc 17 // 94 Décanté. Mars 2015. Est-il facile de remarquer La Lagune au milieu d'une verticale de La Chapelle ? Pas vraiment. Je rappelle que je considère le 2010 comme le plus grand millésime des 30 dernières années. Couleur intense et belle. Nez intense lui aussi, au fruité mûr et crémeux. Bouche très bien construite, de suite séveuse, puis très aromatique, juteuse avec de l'éclat au milieu. Tanicité noble. Très grande longueur finement réglissée. Superbe ! Assemblage : 50 % cabernet sauvignon, 40 % merlot, 10 % petit verdot. 2022-2060. La Chapelle, Hermitage, 2009 17 // 94 Décanté. Mars 2015. Couleur sombre, intense, belle. Nez aromatique au fruité mûr. Touche de cacao. Bouche ronde, juteuse et très savoureuse au milieu avec du gras. Cette intensité chute un peu en finale. Tanin un brin apparent. Bonne longueur savoureuse. 100 % syrah. 2020-2040. La Chapelle, Hermitage, 2007 18 // 96 Décanté. Mars 2015. Belle couleur sombre. Nez intense au fruité mûr, pur, épicé et noble. Note de lavande. Bouche grasse, ronde, ample et puissante au milieu avec beaucoup de goût, des nuances de fruits noirs, d'encre, réglisse, violette. C'est fondant, long et superbe. Du grand vin fin. 100 % syrah. A boire avant 2035. La Chapelle, Hermitage, 2006 17,5 // 95 Décanté. Mars 2015. Couleur sombre, intense, belle. Nez profond et parfumé au fruité mûr. Touche viandée. Note d'encre. Ample à l'attaque, le vin glisse vers le milieu, riche et puissant. Il fond en finale sur des notes réglissées puis dure longtemps sur un grain de tanin à peine apparent. C'est très bon. 100 % syrah. A boire avant 2035. La Chapelle, Hermitage, 2004 16,75 // 93 Décanté. Mars 2015. Couleur sombre et évoluée. Nez fruité, cacaoté, vanillé, viandé et moins pur que les millésimes postérieurs. Bouche délicieuse, à la texture soyeuse tel un vin blanc sec. Longue finale agréable, mais aussi assez profonde. A boire avant 2035. La Chapelle, Hermitage, 2001 16 // 90 Décanté. Mars 2015. Couleur légèrement évoluée. Beau nez intense au fruité mûr et cacaoté. Bouche grasse dont le toucher rappelle celui d'un vin blanc sec. Cependant, la finale finit un brin sèche. Longueur moyenne. A boire avant 2025. La Chapelle, Hermitage, 1983 15 // 87 Décanté. Mars 2015. Couleur évoluée. Nez fruité, mais un peu fongique. Bouche tendre, fruitée, savoureuse, mais un peu sèche en finale. Longueur moyenne. Quant au magnum que je voulais comparer à la bouteille, il était bouchonné ! Aurait dû être bu ! ________________________________________ Petite Chapelle, Hermitage, 2012 16,5 // 92 Décanté. Mars 2015. Vin délicieux qui surprend par la complexité de son nez fin aux notes de violette, cerise noire et épices. Ces arômes se retrouvent en bouche. Ils dansent sur un corps subtilement tramé avec en finale une touche de réglisse. A goûter par gourmandise, pour le service de table attendre. 2018-2035. Petite Chapelle, Hermitage, 2008 15,75 // 89 Décanté. Mars 2015. Couleur d'intensité moyenne. Nez fruité et suave moyennement odorant. Bouche agréable, parfumée, sans angle, juste un peu coulante. (Excès de pluie de 300 mm à quelques jours des vendanges). Longueur moyenne. A boire avant 2022. ________________________________________ La Croix des Vignes Saint Joseph rouge 2013 16,25 // 91 Vin coloré, au nez fruité de type mûr et finement crémeux, à la bouche aérienne et très parfumée, s'achevant très fruité, long et savoureux. 100 % syrah. 2019-2030 La Croix des Vignes Saint Joseph rouge 2012 16,25 // 91 Décanté. Beau rouge sombre. Le nez enchante de par sa note de violette et son fruité mûr. Bouche suave, particulièrement savoureuse qui glisse sur des saveurs florales et fruitées et une texture raffinée. Très bonne longueur. 100 % syrah. 2017-2030 Goûté 3 fois en 2015 avec des notes à 16 (90), 16,25 (91) et 16,75 (93). ________________________________________ Domaine de Thalabert , Crozes Hermitage, 2012 15 // 87 Décanté. Mars 2015. Couleur sombre. Nez fruité et poivré. Bouche gracieuse, savoureuse de corps et longueur moyens. 100 % syrah. 2016-2025. Domaine de Thalabert , Crozes Hermitage, 2010 15,75 // 89 Décanté juin 2015 Couleur sombre. Nez fruité et épicé. Note de poivre blanc. Bouche fondue, très agréable, savoureuse, fruitée, florale et légèrement poivrée. Bonne longueur. 100 % syrah. Avant 2025. ________________________________________ Vins blancs Le Chevalier de Stérimberg, Hermitage, 2011 15 // 87 Logo sur le bouchon : un T renversé Couleur pâle. Nez discret de fruit et d'amande douce. Note de cacao. Bouche fruitée, tendre, savoureuse, agréable de suite. Note d'amertume en finale. Assemblage 70 % Marsanne et 30 % Roussanne. Avant 2020. Domaine des Grands Amandiers, Condrieu, 2011 17 // 94 Logo sur le bouchon : un T renversé Couleur jaune pâle, verte. Nez intense, très fruité, subtil. Note d'abricot, vanille, poivre blanc. Bouche ample, grasse, fondante, savoureuse et complexe en fin de bouche. Longue persistance séveuse. En profiter maintenant et à l'apéritif. 100% viognier. 2015-2020. ________________________________________ Bordeaux 2015 (3ème partie) Beau, beau, beau ! Après l'épisode pluvieux du 10 au 18 septembre, le temps s'est mis au beau jusqu'au vendredi soir 2 octobre. Le tout sans excès de chaleur et avec une chute des températures nocturnes à partir du 24. Il a plu dans la nuit du 2 octobre et un peu le samedi 3. Une climatologie et une chance qui laisse nombre des acteurs pontois. Le temps clément autorise les plus tardifs, ou les trop chargés en raisins à mûrir avec un risque limité d'être gagné par la pourriture. Actuellement, les situations et donc les discours sont très variables d'une propriété à l'autre. Certains médocains terminent leurs cabernets sauvignons tandis que les crus de Pessac Léognan ou de la rive droite achèvent à peine leurs merlots. Selon les dates des vendanges, mais aussi les fortes variations de la pluviométrie en août et septembre (dans le Médoc, l'AOC Margaux a été la moins arrosée) ou encore selon les réactions différentes des sols à la sècheresse de juillet, selon les modes de culture, selon les différences dans le rendement, il se dit peu à peu que 2015 présentera deux types d'hétérogénéité (à confirmer ou à infirmer) : horizontale (d'un cru à l'autre) verticale (d'une cuve à l'autre au sein de la même propriété). Pour l'instant, dans les lieux qualitatifs et même en cas de vendanges dites précoces, je n'ai pas perçu d'aspect végétal dans le merlot. Au contraire, l'éclat du fruit est remarquable, et les couleurs se libèrent sans effort mécanique. Dans le Médoc, je vois et je goûte des cabernets sauvignons délicieux avec des tailles de graine normales. Je m'attendais à les trouver plus grosses eu égard les pluies tombées. Dans cette région, les professionnels attendent beaucoup de ce cépage roi. Les prélèvements sur baies annonceraient des indices de concentration presque deux fois supérieurs à ceux du merlot. Je débuterai mes dégustations des premiers merlots en fin de fermentation alcoolique la semaine prochaine. ________________________________________ Mise à jour dans la base de données Nouveaux commentaires et dates de consommation pour : Malartic Lagravière rouge 2012, 2010, 2008, 2007, 2001, 1998 Malartic Lagravière blanc 2013, 2009 Figeac 2012, 2011, 2010, 2009, 2005 ________________________________________ © Copyright Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin Sarl, 10 allée de Ginouilhac, Le Taillan-Médoc. France. - E-mail : jmquarin@quarin.com Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser ces notations à condition de ne pas les déformer et en citant l'origine de leur source : www.quarin.com ainsi que son auteur : Jean-Marc Quarin (JMQ).

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